L'homéopathie est une méthode thérapeutique basée sur trois principes : similitude, dilution infinitésimale et individualisation. En France, elle est officiellement reconnue depuis 1965 et fait partie intégrante du système de santé, malgré son déremboursement en 2021 et les débats sur son efficacité.
Les principes de base de l'homéopathie

L'homéopathie représente une méthode thérapeutique établie par Samuel Hahnemann en 1796, basée sur l'observation des réactions du corps humain aux substances naturelles. Cette médecine non conventionnelle, reconnue officiellement en France depuis 1965, repose sur des principes fondamentaux qui définissent sa pratique et son application.
Le principe de similitude
Le principe fondamental de l'homéopathie énonce qu'une substance provoquant des symptômes chez un sujet sain peut traiter ces mêmes symptômes chez un malade lorsqu'elle est administrée à doses infinitésimales. Cette découverte provient des observations de Samuel Hahnemann sur l'écorce de quinquina, qui générait des symptômes similaires à ceux du paludisme qu'elle soignait.
La dilution infinitésimale
Les préparations homéopathiques suivent un protocole de dilutions successives strict :
- CH (Centésimale Hahnemannienne) : dilution au 1/100e
- DH (Décimale Hahnemannienne) : dilution au 1/10e
- K (Korsakovienne) : méthode utilisant un seul flacon
L'individualisation du traitement
Le médecin homéopathe prend en considération l'ensemble des caractéristiques du patient :
- Les symptômes physiques et psychiques
- Le mode réactionnel personnel
- Les antécédents médicaux
- Les conditions de vie
Échelle des dilutions courantes
Dilution | Usage |
4 CH | Pathologies aiguës localisées |
5 CH | Troubles fonctionnels |
7 CH | Symptômes généraux |
9 CH | Troubles comportementaux |
15 CH | Pathologies chroniques |
30 CH | Troubles psychiques profonds |

Les formes et préparations homéopathiques

Les médicaments homéopathiques se présentent sous différentes formes galéniques, chacune adaptée à des usages thérapeutiques particuliers. La préparation de ces remèdes suit un protocole rigoureux encadré par la pharmacopée française.
Les formes galéniques disponibles
Les granules et globules constituent les formes les plus courantes, composés de saccharose et lactose imprégnés de la substance active diluée. Les granules sont conditionnés en tubes de 80 unités tandis que les globules sont délivrés en doses unitaires de 200 unités. Les teintures mères, préparations liquides obtenues par macération de plantes fraîches, servent de base à la fabrication d'autres formes. Les suppositoires, pommades et solutions buvables complètent la gamme.
Préparation des souches de base
Les substances actives proviennent des trois règnes :
- Végétal : plantes fraîches ou sèches (arnica, belladonna...)
- Minéral : métaux, sels minéraux (arsenicum album, phosphorus...)
- Animal : venins, sécrétions (apis mellifica, sepia...)
Prix moyens constatés en pharmacie
Forme | Conditionnement | Prix TTC |
Tube granules | 4 CH à 30 CH | 2,99 € |
Dose globules | Unidose | 2,79 € |
Teinture mère | 30 ml | 6,90 € |
Étiquetage réglementaire
Conformément aux directives de la HAS, les mentions obligatoires comprennent la dénomination scientifique de la souche, le degré de dilution, la forme pharmaceutique, la date de péremption et le numéro de lot. La mention "médicament homéopathique" doit figurer en caractères apparents, sans revendication thérapeutique conformément à la réglementation en vigueur.
La pratique de l'homéopathie en France
La pratique de l'homéopathie en France s'inscrit dans un cadre réglementé, encadré par des professionnels de santé formés. En 2025, cette médecine complémentaire garde une place particulière dans le système de soins français malgré son déremboursement récent.
Cadre légal et réglementation
Les médicaments homéopathiques sont inscrits à la pharmacopée française depuis 1965. Leur prescription est réservée aux médecins, chirurgiens-dentistes et sages-femmes. Les pharmaciens peuvent conseiller des médicaments homéopathiques en vente libre. Depuis le 1er janvier 2021, ces médicaments ne sont plus remboursés par l'Assurance Maladie suite à l'avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) de 2019 concluant à un service médical rendu insuffisant.
Démographie médicale
En 2025, la France compte environ 3 200 médecins homéopathes en exercice, principalement concentrés dans les grandes métropoles comme Paris, Lyon, Marseille, Lille et Bordeaux. Parmi eux, 72% exercent en libéral. La formation en homéopathie n'est plus dispensée dans les facultés de médecine françaises depuis 2019, mais des formations privées continuent d'exister.
Pathologies traitées
Les médecins homéopathes prennent en charge diverses pathologies chroniques et aiguës :
- Troubles ORL et respiratoires
- Allergies saisonnières
- Troubles anxio-dépressifs légers
- Troubles digestifs fonctionnels
- Dermatologie (eczéma, acné)
- Troubles du sommeil
Usage par la population
Selon l'étude Ipsos de 2023, 72% des Français ont déjà utilisé des médicaments homéopathiques. Les principaux utilisateurs sont :
Catégorie | Pourcentage |
Femmes | 77% |
Parents d'enfants de moins de 15 ans | 81% |
Personnes de 35-49 ans | 75% |
Modalités de consultation
La consultation d'homéopathie dure en moyenne 45 minutes et coûte entre 50 et 80 euros en secteur 1. Les médecins homéopathes réalisent un interrogatoire détaillé sur les symptômes et le terrain du patient avant de prescrire des remèdes adaptés.

Les débats sur l'efficacité

L'efficacité de l'homéopathie fait l'objet de nombreuses études scientifiques et analyses depuis plusieurs décennies. Les débats sur sa validité thérapeutique opposent différentes positions au sein de la communauté médicale.
Les principales études scientifiques
Le rapport du Conseil des Académies des Sciences Européennes (EASAC) publié en 2017 a examiné les résultats de plus de 1800 études. Ses conclusions indiquent qu'aucune preuve scientifique robuste ne démontre l'efficacité des produits homéopathiques au-delà de l'effet placebo. La méta-analyse de Mathie et al. (2017), portant sur les essais randomisés en double aveugle contre placebo, n'a pas mis en évidence de différence statistiquement significative entre les groupes traités par homéopathie et les groupes placebo.
Position des autorités sanitaires
En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu en 2019 un avis défavorable au maintien du remboursement des médicaments homéopathiques, considérant que leur "service médical rendu" était insuffisant. Le National Health Service britannique a également conclu en 2017 à l'absence de preuves d'efficacité. L'agence nationale australienne NHMRC a publié des résultats similaires en 2015.
Le débat sur l'effet placebo
Les études publiées dans le British Medical Journal (BMJ) montrent que les bénéfices ressentis par les patients utilisant l'homéopathie relèvent principalement de l'effet placebo. Cet effet, scientifiquement documenté, peut produire une amélioration des symptômes via des mécanismes psychologiques et neurobiologiques.
Position des académies
L'Académie nationale de médecine et l'Académie nationale de pharmacie ont publié des rapports soulignant l'absence de démonstration scientifique de l'efficacité des préparations homéopathiques selon les standards actuels de l'évaluation thérapeutique. Elles recommandent que ces préparations ne puissent être remboursées sans démonstration préalable d'un service médical rendu suffisant.
"Les résultats des méta-analyses successives n'ont pas permis de démontrer une efficacité des préparations homéopathiques supérieure au placebo dans les conditions expérimentales conformes aux standards scientifiques actuels" Académie nationale de médecine, rapport 2019

L'essentiel à retenir sur l'homéopathie en France
La situation de l'homéopathie évolue en France avec des changements réglementaires et scientifiques. Le déremboursement depuis 2021 et les débats sur son efficacité conduisent à une redéfinition de sa place dans le système de santé. Les études se poursuivent pour évaluer son action, tandis que les patients continuent d'y avoir recours malgré les controverses.