L'hypertension artérielle touche 30% des adultes en France et constitue un enjeu majeur de santé publique. Cette maladie silencieuse peut entraîner de graves complications cardiovasculaires lorsqu'elle n'est pas diagnostiquée et traitée. Comprendre ses causes, ses symptômes et les traitements disponibles permet une meilleure prise en charge.
Définition et mesure de la pression artérielle
La pression artérielle constitue un paramètre physiologique fondamental qui reflète la force exercée par le sang sur les parois des artères. Sa mesure régulière permet de détecter une hypertension artérielle (HTA), pathologie chronique nécessitant une prise en charge adaptée.
Définition de la pression artérielle
La tension artérielle se caractérise par deux valeurs distinctes mesurées en millimètres de mercure (mmHg) : - La pression systolique, valeur la plus élevée, correspond à la contraction du cœur qui éjecte le sang dans les artères - La pression diastolique, valeur la plus basse, survient lors du relâchement du muscle cardiaque
Technique de mesure standardisée
La mesure de la pression artérielle nécessite des conditions précises : - Position assise ou allongée - Repos préalable de 5 à 10 minutes - Brassard adapté à la circonférence du bras - Trois mesures successives espacées d'une minute - Moyenne des deux dernières mesures retenue
Valeurs normales et pathologiques
Selon les recommandations françaises actuelles :
Classification | Systolique (mmHg) | Diastolique (mmHg) |
Optimale | <120 | <80 |
Normale | 120-129 | 80-84 |
Normale haute | 130-139 | 85-89 |
HTA grade 1 | 140-159 | 90-99 |
HTA grade 2 | 160-179 | 100-109 |
HTA grade 3 | ≥180 | ≥110 |
Confirmation du diagnostic
Le diagnostic d'HTA requiert plusieurs mesures élevées (≥140/90 mmHg) constatées lors de trois consultations successives sur une période de 3 à 6 mois. En cas de valeurs très élevées ou de signes de gravité, le délai peut être raccourci.

Les différents types d'hypertension et leurs causes

L'hypertension artérielle (HTA) se manifeste sous deux formes principales, avec des origines et des mécanismes distincts. En France, cette maladie cardiovasculaire touche environ 30% des adultes, avec une prévalence qui augmente significativement avec l'âge pour atteindre 65% chez les plus de 65 ans.
L'hypertension artérielle essentielle
L'HTA essentielle, aussi appelée primitive ou idiopathique, représente environ 90% des cas. Cette forme d'hypertension n'a pas de cause unique identifiable, mais résulte de l'interaction de plusieurs facteurs de risque :
- Facteurs génétiques : antécédents familiaux d'HTA
- Âge : risque accru après 50 ans
- Mode de vie : sédentarité, alimentation riche en sel (>6g/jour)
- Surpoids et obésité (IMC >25)
- Consommation excessive d'alcool (>2 verres/jour)
- Tabagisme
L'hypertension artérielle secondaire
L'HTA secondaire, qui concerne 10% des patients, est la conséquence d'une pathologie sous-jacente identifiable. Les principales causes sont :
Causes rénales
Les maladies rénales chroniques, les sténoses des artères rénales et les glomérulonéphrites peuvent perturber la régulation de la pression artérielle par les reins.
Causes endocriniennes
L'hyperaldostéronisme primaire, le phéochromocytome, le syndrome de Cushing et l'hyperthyroïdie peuvent provoquer une élévation de la pression artérielle par dérégulation hormonale.
Type d'HTA | Prévalence | Principales caractéristiques |
Essentielle | 90% | Multifactorielle, sans cause unique identifiable |
Secondaire | 10% | Cause sous-jacente identifiable et potentiellement curable |

Les complications de l'hypertension non traitée

L'hypertension artérielle non traitée provoque des dommages silencieux mais graves sur l'organisme, qui se manifestent après plusieurs années d'évolution. Selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), cette pathologie cardiovasculaire est responsable de 10 millions de décès par an dans le monde.
Les complications cardiovasculaires
La pression excessive exercée sur les artères coronaires qui irriguent le muscle cardiaque entraîne leur détérioration progressive. Cette atteinte coronarienne peut conduire à un infarctus du myocarde. Les données des CHU français montrent que 25% des patients hypertendus non traités développent une insuffisance cardiaque dans les 10 ans suivant le diagnostic. L'hypertrophie du ventricule gauche, conséquence directe de l'HTA chronique, touche 40% des hypertendus non contrôlés.
Les accidents vasculaires cérébraux
L'HTA constitue le principal facteur de risque d'AVC. La pression élevée fragilise les artères cérébrales, pouvant provoquer leur rupture (hémorragie cérébrale) ou leur obstruction (infarctus cérébral). Les statistiques de l'Inserm révèlent que 80% des patients victimes d'AVC présentaient une hypertension non ou mal contrôlée.
L'atteinte rénale
Les reins sont particulièrement sensibles à l'hypertension chronique. La néphropathie hypertensive se caractérise par une altération progressive de la fonction rénale. En France, 30% des patients dialysés le sont en raison d'une HTA non traitée ayant conduit à une insuffisance rénale terminale.
Les complications oculaires
La rétinopathie hypertensive touche la microcirculation de la rétine. Sans traitement, elle peut évoluer vers une perte progressive de la vision. Les données des services d'ophtalmologie des CHU français indiquent que 15% des hypertendus non traités présentent des lésions rétiniennes après 5 ans d'évolution.
Type de complication | Prévalence chez les hypertendus non traités |
Insuffisance cardiaque | 25% |
AVC | 80% |
Insuffisance rénale terminale | 30% |
Rétinopathie | 15% |

La prise en charge thérapeutique

La prise en charge thérapeutique de l'hypertension artérielle repose sur deux piliers complémentaires : les mesures hygiéno-diététiques et les traitements médicamenteux. Les données de l'Inserm montrent qu'actuellement en France, seulement 47,3% des patients hypertendus reçoivent un traitement et parmi eux, 55% ont une pression artérielle correctement contrôlée.
Les mesures hygiéno-diététiques
Ces mesures constituent le socle fondamental de la prise en charge et doivent être systématiquement mises en place, que le patient nécessite ou non un traitement médicamenteux. La réduction des apports en sel représente une priorité, avec un objectif de consommation inférieure à 6g par jour. L'activité physique régulière est préconisée à raison de 30 minutes minimum par jour, 5 fois par semaine. Une perte de poids est recommandée chez les patients en surpoids, sachant qu'une diminution de 5% du poids corporel peut réduire significativement les valeurs tensionnelles.
Les traitements médicamenteux
Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé, cinq classes principales de médicaments antihypertenseurs sont utilisées en première intention :
- Les diurétiques thiazidiques
- Les inhibiteurs calciques
- Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC)
- Les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARA II)
- Les bêtabloquants
La stratégie thérapeutique
Le choix du traitement initial dépend du niveau tensionnel, des comorbidités et du profil de risque cardiovasculaire du patient. La monothérapie est généralement proposée en première intention pour une HTA légère à modérée. Pour les patients présentant une HTA sévère ou non contrôlée en monothérapie, une bithérapie voire une trithérapie peut être nécessaire.
Le suivi thérapeutique
Un suivi régulier est indispensable pour adapter le traitement et vérifier son efficacité. Les consultations sont programmées tous les 3 à 6 mois une fois la pression artérielle stabilisée. L'automesure tensionnelle est encouragée, permettant une meilleure implication du patient dans sa prise en charge. Les effets indésirables et la tolérance des médicaments sont systématiquement évalués lors du suivi.

L'essentiel à retenir sur l'hypertension artérielle
La prise en charge de l'hypertension artérielle requiert un diagnostic précoce et un suivi médical régulier. Les progrès dans les traitements médicamenteux, associés à des changements d'habitudes de vie, permettent aujourd'hui de mieux contrôler cette maladie. La sensibilisation du public et le dépistage systématique constituent des leviers d'action pour diminuer les complications liées à l'hypertension.