L'ostéoporose, une maladie osseuse silencieuse, se caractérise par une diminution progressive de la densité minérale osseuse (DMO), rendant les os plus fragiles et augmentant le risque de fractures. Principalement diagnostiquée chez les femmes post-ménopausiques, elle peut toucher également les hommes et les jeunes adultes. Un diagnostic précoce est essentiel pour prévenir les fractures, souvent invalidantes, et mettre en place un traitement adapté.
Plusieurs facteurs augmentent le risque d'ostéoporose : l'âge (plus de 65 ans pour les femmes, plus de 70 ans pour les hommes), des antécédents familiaux, une alimentation pauvre en calcium et vitamine D, le manque d'activité physique, le tabagisme, l'alcoolisme, et certains traitements médicamenteux, notamment les corticoïdes. Une bonne prévention, incluant une alimentation riche en calcium et vitamine D et une activité physique régulière, est primordiale.
Évaluation clinique et interrogatoire : L'Anamnèse
L'interrogatoire du patient, appelé anamnèse, est la première étape cruciale du diagnostic d'ostéoporose. L'échange avec le patient permet de recueillir des informations essentielles pour orienter les investigations complémentaires.
Interrogatoire du patient : questions clés
Le médecin posera des questions détaillées sur les antécédents médicaux personnels et familiaux (ostéoporose, fractures, maladies chroniques comme l'hyperthyroïdie, le diabète, etc.), les symptômes ressentis (douleurs osseuses, principalement dorsales, perte de hauteur, fragilité accrue), la prise de médicaments (corticoïdes, antiépileptiques, etc.), l'alimentation (consommation de produits laitiers, apports en calcium et vitamine D), le niveau d'activité physique, et les habitudes de vie (tabagisme, consommation d'alcool).
- Avez-vous déjà subi une fracture? Si oui, quelle était sa localisation et quelles étaient les circonstances ?
- Des membres de votre famille souffrent-ils d’ostéoporose ou ont-ils eu des fractures spontanées ?
- Ressentez-vous des douleurs osseuses, surtout au niveau du dos ? Ces douleurs sont-elles constantes ou épisodiques ?
- Avez-vous remarqué une diminution de votre taille au cours des dernières années ?
- Consommez-vous régulièrement des produits laitiers ou prenez-vous des compléments alimentaires en calcium et vitamine D ?
Examen physique : recherche des signes cliniques
L'examen physique complète l'interrogatoire. Le médecin recherchera des signes visibles comme une cyphose (courbure de la colonne vertébrale), une diminution de la taille, une posture voûtée, une fragilité musculaire ou une douleur à la palpation des vertèbres. Environ 70% des fractures ostéoporotiques touchent la colonne vertébrale. Malgré son importance, l'examen physique à lui seul est insuffisant pour diagnostiquer l'ostéoporose.
Signes d'alerte : suspicion d'ostéoporose
Certains signes cliniques doivent susciter une forte suspicion d'ostéoporose. Une fracture vertébrale, même mineure, survenant après un traumatisme minime (une simple toux par exemple) ou spontanément, est un signe majeur. De même, une fracture du col du fémur après une chute de faible énergie est un indicateur important. Environ 20% des fractures du col du fémur sont mortelles dans les 12 mois qui suivent.
Cas particuliers : diagnostic différencié
Le diagnostic d'ostéoporose peut se révéler plus complexe dans certains cas. Chez les hommes, le diagnostic est souvent retardé, car la maladie est moins fréquente. Chez les jeunes adultes, une ostéoporose secondaire à une maladie sous-jacente (comme des maladies inflammatoires chroniques, des troubles endocriniens ou une malnutrition) doit être envisagée. Certaines maladies, comme la maladie de Cushing ou l'hyperparathyroïdie, peuvent également entraîner une fragilité osseuse et nécessitent un diagnostic différentiel.
Explorations complémentaires : mesure de la densité osseuse et Au-Delà
Pour confirmer le diagnostic d'ostéoporose et évaluer sa sévérité, des examens complémentaires sont indispensables. L'examen clé est la densitométrie osseuse.
Densitométrie osseuse (DXA) : L'Examen de référence
La densitométrie osseuse, ou DXA (Dual-Energy X-ray Absorptiometry), est la méthode de référence pour mesurer la densité minérale osseuse (DMO). Cet examen non invasif utilise des rayons X à faible dose pour évaluer la DMO au niveau de la colonne lombaire (vertèbres L1-L4), du col du fémur et parfois de l'avant-bras. Les résultats sont exprimés en T-score et Z-score. Un T-score inférieur à -2,5 standard déviations par rapport à la moyenne d'une population adulte jeune et en bonne santé définit l'ostéoporose. Un T-score entre -1 et -2,5 indique une ostéopénie, un stade intermédiaire où la densité osseuse est diminuée, mais pas encore au seuil de l'ostéoporose.
Le Z-score compare la DMO du patient à celle de sujets sains du même âge et du même sexe. Il est utile pour détecter une ostéoporose inhabituelle pour l'âge du patient. La précision de la mesure de la DMO dépend de la qualité de l'examen et de la standardisation des protocoles. Des variations techniques peuvent influencer légèrement les résultats. Une variation de 1 à 2 points de T-score entre deux examens à un an d'intervalle est considérée comme normale.
Biomarqueurs osseux : indicateurs de la remodelage osseux
Les biomarqueurs osseux, mesurés dans le sang, permettent d'évaluer le renouvellement osseux. Le marqueur de formation osseuse le plus utilisé est le PINP (propeptide N-terminal du procollagène de type I). Le CTX (crosslaps) est un marqueur de résorption osseuse. Bien que ces marqueurs apportent des informations complémentaires, ils ne remplacent pas la densitométrie osseuse pour le diagnostic d'ostéoporose. Leur interprétation doit être faite en corrélation avec le contexte clinique et les autres résultats.
Autres examens complémentaires : radiographie, scanner...
La radiographie conventionnelle peut détecter des fractures vertébrales déjà installées, mais elle ne permet pas de mesurer la DMO. Un scanner peut être utile pour évaluer précisément la morphologie des vertèbres et la présence de fractures occultes. D'autres examens, tels qu'un bilan phosphocalcique ou des analyses hormonales, peuvent être nécessaires pour rechercher des causes secondaires d'ostéoporose.
- Une analyse sanguine peut révéler des anomalies du métabolisme du calcium et de la vitamine D, ou des troubles hormonaux.
- Un bilan complet peut être nécessaire pour identifier une cause sous-jacente à l'ostéoporose.
- La recherche de maladies inflammatoires chroniques est importante car ces maladies augmentent le risque d'ostéoporose.
Choix des examens : adaptation à chaque patient
Le choix des examens complémentaires est personnalisé et dépend de l'âge du patient, de ses antécédents médicaux, de la présence ou non de signes cliniques évocateurs, et des facteurs de risque individuels. Le médecin établira une stratégie diagnostique appropriée à chaque situation.
Interprétation des résultats et diagnostic différentiel : vers un diagnostic précis
Après l'interprétation des résultats des examens, le médecin établit un diagnostic précis. Il est essentiel de prendre en compte toutes les informations recueillies (anamnèse, examen clinique, résultats des examens) pour poser un diagnostic et éliminer d'autres affections pouvant présenter des symptômes similaires.
Interprétation du t-score et du z-score : classification de la densité osseuse
Le T-score est l'indicateur principal pour diagnostiquer l'ostéoporose. Un T-score inférieur à -2,5 indique une ostéoporose, tandis qu'un T-score entre -1 et -2,5 indique une ostéopénie. Le Z-score permet de comparer la DMO du patient à celle des individus du même âge et du même sexe, ce qui est utile pour identifier une ostéoporose inhabituelle pour l'âge du patient. Une ostéoporose peut être classée comme primaire (liée à l'âge et au déclin hormonal) ou secondaire (liée à une autre maladie ou un traitement).
Diagnostic différentiel : autres pathologies similaires
Il est important d'écarter d'autres pathologies pouvant provoquer des symptômes similaires à l'ostéoporose. Le médecin effectuera un diagnostic différentiel pour éliminer des affections comme le myélome multiple, des métastases osseuses, des maladies métaboliques (ostéomalacie, maladie de Paget), ou des troubles endocriniens (hyperthyroïdie, hyperparathyroïdie). La fréquence des fractures ostéoporotiques chez les femmes augmente de façon significative après 50 ans.
Classification de l'ostéoporose : types et Sous-Types
L'ostéoporose est classée en plusieurs types: ostéoporose post-ménopausique (due à la diminution des œstrogènes après la ménopause), ostéoporose sénile (liée au vieillissement), et ostéoporose secondaire (liée à une autre maladie ou à des médicaments). Cette classification guide le choix du traitement et du suivi.
Le diagnostic de l'ostéoporose repose sur une approche combinée, associant une évaluation clinique détaillée, la mesure de la DMO par densitométrie osseuse, et l'exclusion d'autres pathologies. Une prise en charge précoce et adaptée est essentielle pour améliorer la qualité de vie et prévenir les fractures chez les patients atteints d'ostéoporose. Le taux de fractures ostéoporotiques augmente avec l'âge et environ 30% des femmes de plus de 50 ans souffrent d'ostéoporose.