L’épargne au service des autres

L’épargne solidaire, vous en avez entendu parler, mais vous ignorez en quoi cela consiste ? Les réponses de Mathilde Mandonnet, secrétaire générale de Finansol, association dont l’objectif est de développer l’épargne solidaire.

Qu’est-ce que l’épargne solidaire ?

Elle regroupe une grande diversité de placements : des livrets d’épargne, des Sicav ou des fonds communs de placement investis en actions ou en obligations, par exemple, de l’assurance vie, etc. Ils ressemblent à ceux commercialisés traditionnellement par les banques, mais avec une particularité : en les souscrivant, l’épargnant participe au financement d’associations ou de structures qui aident les personnes en difficulté à trouver un emploi, à se loger, à créer leur entreprise… De la même façon, la vocation de certains placements solidaires est de contribuer à la protection de l’environnement, par exemple en soutenant la création de fermes biologiques, à développer le commerce équitable, ou encore à favoriser des projets économiques dans les pays en voie de développement (via, par exemple, de petits prêts à taux réduits qui aident les habitants à créer une activité).

De quelle façon l’épargnant contribue-t-il à ces actions ?

Certains produits d’épargne solidaire fonctionnent sur le principe du partage : l’épargnant souscripteur accepte de donner chaque année à telle ou telle association une partie – la moitié, par exemple – du revenu de son placement. Ce don lui permet d’ailleurs de bénéficier d’une réduction d’impôt. Pour d’autres placements solidaires, le mécanisme est différent : une partie de l’épargne elle-même (10 % au minimum) est utilisée pour financer des projets solidaires, c’est-à-dire consentir des apports en capital ou des prêts, par exemple aux chômeurs de longue durée qui créent leur entreprise, à des associations qui achètent et rénovent des logements pour les louer aux familles en difficulté, etc. Dans ce cas, le souscripteur ne consent ni un don, ni un investissement à fonds perdus : les créateurs d’entreprises remboursent ces crédits (le taux d’impayés est très faible), les associations louent les logements… Quant au reste du capital placé par l’épargnant (soit 90 % au maximum), il est géré de façon traditionnelle. Selon les produits, il sera placé en Bourse, ou en obligations, etc.

Quelle est la différence entre l’épargne solidaire et les nouveaux fonds éthiques qui se sont développés ces dernières années autour des concepts de développement durable ou d’investissement socialement responsable ?

Ces fonds achètent en Bourse des actions ou des obligations d’entreprises qui remplissent certains critères, notamment au niveau de leur politique sociale, environnementale, des relations avec leurs actionnaires, etc. Cela n’a rien à voir avec l’épargne solidaire qui finance des entreprises et des projets non cotés en Bourse, qui ont un intérêt social et ne peuvent pas bénéficier d’un prêt bancaire classique.

L’épargne solidaire est née au début des années 80. Pourtant, elle reste mal connue. Pourquoi ?

Le plus ancien placement solidaire vient de fêter ses 20 ans. Il a été créé au début des années 1980 pour tenter d’apporter une réponse à la montée de l’exclusion. Mais il a fallu longtemps pour que l’offre s’étoffe et surtout que les Français la découvrent. Aujourd’hui, 15 % d’entre eux ont entendu parler de l’épargne solidaire. Elle a conquis environ 40 000 épargnants. C’est trois fois plus qu’il y a six ans. Et le nombre de placements solidaires a plus que doublé en quatre ans.

De quelle façon l’épargnant contribue-t-il à ces actions ?

En 2002, cette forme d’épargne a permis de mobiliser 92 millions d’euros, soit 20 % de plus que les années précédentes. Les trois quarts environ de ces capitaux étaient destinés à financer l’insertion par le travail ou le logement. Concrètement, cela a permis notamment à 8 000 personnes en difficulté de recevoir un prêt pour créer leur entreprise personnelle, et à 500 familles de trouver un logement.

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